La recherche MIPACID s’inscrit dans une approche One Health ambitieuse. Elle vise à explorer la relation entre la contamination par les micro et nano plastiques (MNPs), la perturbation de l’axe microbiote-intestin-cerveau et la dépression chez l’Homme.
Elle permet également, de manière absolument innovante, de rechercher des troubles neurocognitifs et des anomalies comportementales, de type dépression, chez les tortues marines hautement contaminées.
De nombreuses études sur modèles murins ont objectivé des altérations des performances neurocognitives en contexte de dysbiose intestinale*. Mémoire de travail, reconnaissance visuelle, et mémoire non-spatiale ont ainsi été décrites très perturbées chez des souris chez lesquelles une dysbiose avait été artificiellement générée (antibiotiques…).
Chez l’Homme, des changements notables dans la composition du microbiote intestinal ont également été observés chez les patients souffrant de dépression, mais aussi dans un large cortège de pathologies psychiatriques (Troubles du Spectre Autistique –TSA-, schizophrénie, TDAH…).
Des expériences édifiantes ont également été réalisées sur des souris permettant d’objectiver le rôle crucial du microbiote dans nos comportements. Des procédures de transplantation fécale** réalisées sur des souris, à partir de selles de patients déprimés, ont ainsi induit des comportements de type dépressif chez les animaux.
De plus, le nerf vague sous-diaphragmatique a été clairement identifié comme médiateur de cette communication entre le cerveau et l’intestin.
*changement de la composition des communautés bactériennes, virales et fongiques qui vivent en symbiose dans notre tube digestif.
**administration du microbiote via les selles d’un donneur.
De nombreuses études ont démontré le potentiel dysbiogène des micro et nano plastiques. Les MNPs adsorbent en effet de nombreuses bactéries qui constituent un biofilm dense et cohésif. Au contact du microbiote intestinal, ces bactéries entrent en compétition écologique avec les communautés bactériennes et le déstabilisent.
Le risque de perturbation cognitive en lien avec une contamination aux MNPs est donc une hypothèse de travail tangible. Des études écologiques ont d’ailleurs révélé des troubles neurocognitifs significatifs chez des espèces animales exposées aux MNPs. Des altérations du comportement alimentaire, de la locomotion et/ou des réflexes anti-prédateurs ont ainsi été observées chez la crevette, le poisson-zèbre et le bernard-l’hermite.
Le projet MIPACID explore l’hypothèse forte d’une possible contribution étiologique des micro et nano plastiques dans la survenue et/ou la sévérité de la dépression chez l’Homme. Le projet clinique repose sur une étude cas-témoins appariés chez l’homme, et une étude expérimentale sur les tortues marines où seront recherchées des anomalies comportementales.
MIPACID explore cette hypothèse dans une approche One Health originale. Les tortues marines, en tant qu’espèce sentinelle, sont exposées à des niveaux élevés de contamination. Leur étude permettra d’évaluer le risque cognitif associé aux MNPs encourus par l’Homme.
MIPACID défend une approche One Health unique et réunit des experts internationaux. Parmi eux, les CNRS MARBEC ET CBMN, les CHU de Nantes et de Pointe-A-Pitre.
Ainsi que, des collaborations espagnoles précieuses de TORPP avec l’Institut de Ciències del Mar (ICM) et le CRAM de Barcelone.
Le projet MIPACID est absolument innovant de par son hypothèse de travail (responsabilité des MNPs dans la dépression chez l’Homme), et sa méthodologie (validation indirecte via la recherche de troubles neurocognitifs chez les tortues marines).
Grâce à une approche intégrée et une équipe multidisciplinaire unique, ce projet explore l’impact des micro et nano plastiques sur le microbiote intestinal, l’axe microbiote-intestin-cerveau et le comportement chez l’Homme et l’animal.