La neurotoxicité des micro et nano plastiques (MNPs) est de plus en plus décrite dans la littérature scientifique : lésions neuronales, stress oxydatif, effets d’agrégation sur les protéines, neuroinflammation, inhibition des estérases…
Leur possible contribution dans les maladies neurodégénératives est donc de plus en plus envisagée. Le projet de recherche MIPMAT explore cette nouvelle hypothèse mécanistique en comparant les niveaux de contaminations en MNPs de patients atteints d’Alzheimer et de témoins sains.
De plus, dans une approche One Health propre au groupe de travail TORPP, une étude ancillaire menée sur des tortues marines décédées (accidents de pêches, collisions…) visera à rechercher des signatures physiopathologiques typiques de neurodégénérescence.
Les MNPs sont capables de traverser la barrière hémato-encéphalique et de perturber directement le fonctionnement des neurones et du système nerveux central.
Les micro et nano particules peuvent provoquer des lésions sur les membranes des neurones. Ils peuvent aussi générer une neuro-inflammation chronique et inhiber les enzymes de dégradation des neuro-transmetteurs (B-estérases) perturbant l’influx nerveux.
Enfin, analysé in vitro, les micro et nano plastiques peuvent interférer sur la structure des protéines et générer des agrégations très similaires aux protéinopathies observées dans la maladie d’Alzheimer.
Les MNPs sont également susceptibles de modifier la composition du microbiote intestinal*. Ils perturbent ainsi la communication entre notre intestin et notre cerveau. On parle d’axe microbiote-cerveau-intestin.
Cette communication constante, bilatérale, module nos perceptions, nos humeurs et in fine nos comportements.
Ce mécanisme neurotoxique indirect des MNPs pourrait donc également participer aux symptômes neurocognitifs observés dans les maladies neurodégénératives.
*ensemble des communautés bactériennes, virales et fongiques qui vivent en symbiose dans le tube digestif
L’Homme est significativement exposé aux MNPs. Par ingestion via l’alimentation, par inhalation des microparticules aéroportées, ou par simple contact cutané, il présente en réalité un profil de contamination très singulier.
En regard de cette exposition et des mécanismes neurotoxiques objectivés des MNPs, la question de leur contribution dans la maladie d’Alzheimer s’impose comme une hypothèse plausible.
Le projet MIPMAT fait écho à cette hypothèse innovante. Il vise à établir un lien direct entre l’exposition aux MNPs et la maladie d’Alzheimer chez l’Homme à travers une étude cas-témoins appariés.
En complément, nous recherchons des signatures physiopathologiques typiques de la maladie d’Alzheimer chez les tortues marines.
La littérature scientifique récente invite à explorer la possible contribution étiologique des micro et nano plastiques dans les maladies neurodégénératives (MNDs) chez l’Homme.
Le projet MIPMAT vise ainsi à objectiver une sur-contamination en MNPs chez les patients Alzheimer; mais aussi à rechercher des signatures physiopathologiques spécifiques des MNDs chez les tortues.
Cette approche One Health unique s’articule sur une collaboration originale entre neurologues (Pr Annie Lannuzel du CHU de Pointe-À-Pitre), biologistes marins (Dr Damien Chevallier du CNRS BOREA) et chimistes (Dr Sophie Lecomte – CNRS CBMN).