En mars 2024, l’équipe italienne de Rafaelle Marfella de l’Université de Naples a révélé un risque cardio-vasculaire majoré (HR=4,53) chez les patients présentant les plus fortes contaminations en MicroNanoPlastiques (MNPs) mesurées dans les plaques athéromateuses.
Ce constat est inquiétant : infarctus, accident vasculaire cérébral (AVC) et décès étaient significativement plus fréquents chez ces patients, suivis pendant 34 mois. Ce travail a constitué un véritable « coup de semonce » en Médecine Humaine.
Depuis, la recherche sur l’exposition et la toxicité des MNPs chez l’Homme a connu une accélération considérable.
La méta-analyse de Symeonides et al. (2024) renforce cette inquiétude, mettant en lumière le risque cardio-vasculaire associé aux MNPs, désormais considéré comme un sujet prioritaire en Santé Humaine.
Dans une approche interspécifique, Liang et al. (2024) ont synthétisé les multiples troubles de toxicité cardiovasculaire associés aux micro et nano plastiques, tels que la thrombogenèse, les lésions vasculaires et les cardiopathies. Ces chercheurs s’interrogent également sur les risques encourus pour l’Homme.
Des modèles pré-cliniques récents suggèrent que les micro et nano plastiques (MNPs) augmentent le risque de maladies cardiovasculaires par plusieurs mécanismes physiopathologiques, notamment via le stress oxydatif, l’inflammation et les lésions cellulaires de l’endothélium des vaisseaux.
Plus récemment, l’impact des micro et nano plastiques sur la microcirculation sanguine et le risque thrombotique a été confirmé sur un modèle murin.
Leur effet de fibrillation et d’agrégation sur les protéines, ainsi que l’inhibition de certaines fonctions enzymatiques (comme les estérases-B), soulève des questions sur les effets à long terme des MNPs, notamment en lien avec les maladies neurodégénératives.
Les travaux de Marfella et al. (2024) ont été les premiers à étayer ce risque, en décrivant des incrustations de micro et nano plastiques dans les plaques athéromateuses.
Cela suggère non seulement leur potentiel athérogène, mais aussi leur contribution possible à la déstabilisation des plaques, ce qui augmente les risques de morbi-mortalité cardiovasculaire (infarctus, AVC, décès).
Parmi les hypothèses mécanistiques, le mécanisme de calcification inflammatoire de l’intima, médié par un dépôt lipidique et une pro-inflammation, se distingue.
Ce phénomène semble être renforcé par l’hydrophobie des MNPs, qui maximise l’adsorption et la per-oxydation lipidique. Les effets de stress oxydatif des micro et nano plastiques sont désormais bien documentés.
Depuis six mois, le projet MICAVAO, mené en collaboration avec le Pr Jean-Christian Roussel, vise à établir une preuve de concept sur la contribution des MNPs dans les calcifications valvulaires aortiques. Ce projet explore également leur impact sur la rigidité artérielle et, in fine, le risque cardio-vasculaire des patients.
Le groupe de travail TORPP, dans une approche « One Health », cherche à identifier ces calcifications vasculaires dans un modèle de tortue marine. Cette espèce, longévive et sévèrement exposée aux MNPs dans le milieu marin, constitue une sentinelle idéale pour démontrer indirectement les effets physiopathologiques de cette contamination.
L’accumulation des micro et nano plastiques dans l’organisme soulève une inquiétude croissante quant à leur impact sur la santé cardiovasculaire. Leur rôle dans l’athérogenèse, la thrombose et les calcifications vasculaires pourrait contribuer à l’augmentation des risques d’infarctus et d’AVC. L’intensification des recherches, notamment à travers des projets comme MICAVAO et TORPP, est essentielle pour mieux comprendre ces mécanismes et élaborer des stratégies de prévention adaptées à cette menace émergente en santé humaine.